Le GRAND DANOIS



















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Photos: Clément Morin
Textes: Lyse Savard
Chiens: Élevage LA DOGUERIE

Voir les éleveurs de cette race.


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LE GENTIL GÉANT
Sa stature impressionne mais c'est sa loyauté, son caractère débonnaire et sa grande tendresse qui en font le plus grand des chiens.

Quand Madame Niding et Othello arrivaient à l'étage des enfants gravement malades de l'Hôpital Sainte-Justine de Montréal, leur frimousse s'illuminait à la vue du magnifique géant blond qui venait régulièrement leur rendre visite dans le cadre du programme de zoothérapie. Le chien savait ce qu'on attendait de lui. Il déposait doucement son énorme tête sur la cuisse du petit malade alité qui immanquablement, tendait la main pour le caresser. Souvent, ces enfants n'avaient connu rien d'autre que les murs d'une chambre d'hôpital. Othello était leur ami, leur idole. Si certains adultes exprimaient des craintes à l'idée qu'un si gros chien puisse approcher des enfants si frêles et si fragiles, la délicatesse du Grand Danois et les sourires ébahis des jeunes patients avaient vite fait de les convaincre qu'Othello était le chien de la situation.

LA FAMILLE
Yéléna a deux fillettes âgées d'un an et de quatre ans. Elles vivent en toute tranquillité avec Naftaline, une femelle bleue de huit ans. Le Grand Danois est devenu un chien de famille par excellence. Seule ombre au tableau, explique Yéléna, c'est sa queue puissante qui, comme un fouet, peut frapper un jeune enfant. Heureusement, ses fillettes ont vite appris à se méfier de la queue de Naftaline. Naf Naf a aussi appris à s'asseoir lorsque nous arrivons de l'extérieur; l'apprentissage s'est fait des deux côtés.

Aujourd'hui, la gentillesse et la patience des Danois envers les enfants caractérisent la race. Cette attitude calme et amicale est le résultat d'une sélection rigoureuse. Dans les années qui ont suivi la deuxième guerre mondiale, les éleveurs ont dû accorder une attention particulière au tempérament de leur géant. L'entraînement des chiens policiers et militaires se développant, le Danois s'est avéré trop gros et trop dangereux pour être dressé à l'attaque. En fait, un Danois dont on développait l'agressivité devenait rapidement un danger pour son entraîneur et ce, principalement lors des exercices de mordant. Protégé des morsures par ses épais vêtements coussinés, l'agitateur ne parvenait pas à se maintenir debout sous le choc des 120 livres de muscles qui lui sautaient à la gorge. Le Danois a donc échoué les séances de dressage. Heureusement pour lui, ses éleveurs se sont fait un point d'honneur à transformer leur protégé en un gentil géant.

Après de nombreuses années, ils ont réussi à éradiquer de la race les sujets agressifs et trop nerveux. Certes, il existe encore des spécimens au tempérament instable. Le futur propriétaire doit donc s'assurer que l'éleveur sélectionne ses reproducteurs autant pour leur personnalité que pour leur aspect physique.

Selon le standard canadien, le Danois est un chien amical et les manifestations de timidité sont des fautes. Malgré quelques spécimens qui vont spontanément vers les étrangers, il est généralement méfiant à leurs égards. Sans leur démontrer d'agressivité, il les ignore. Le grand chien est-il encore un bon gardien ? Oui, dans la mesure où il protégera ceux qu'il aime. Protecteur donc plus que gardien, il impose heureusement le respect par sa stature.


HISTOIRE D'AMOUR
Le mois dernier, Magalie et sa chienne Mimi ont obtenu leur titre de Novice. Leur routine d'obéissance n'est pas passée inaperçue. L'enthousiasme du Grand Danois a hypnotisé les amateurs pressés autour de l'enceinte. Ses oreilles pointées, sa queue haute, son regard attentif, ses mouvements vifs, Mimi s'est appliquée à plaire. Une fois sa performance terminée, elle sautillait de joie sous les caresses de sa maîtresse. « Ces deux là font vraiment une bonne équipe » a commenté un spectateur.

Vivre avec un Grand Danois, c'est une histoire d'amour. Peut-être à cause de sa taille gigantesque, rares sont ceux qui ne succombent pas à son besoin d'affection. Les Grands Danois sont de grands sensibles. Ils sont d'une extrême tendresse à l'égard de leur maître. Des « colleux », de grands bébés, des pots de colle, la documentation sur la race ne tarit pas d'expressions pour décrire leur tempérament amoureux. Et cet amour doit être partagé pour subir tous les inconvénients que ces gentils géants imposent à leur entourage.


LA MAISON
Vivre avec un « colleux » de plus de cent livres est fort exigeant. Ce molosse est plutôt du genre chien de salon. S'il se fait tout petit lorsqu'il vient se blottir contre son maître, sur le sofa ou sur le lit, il prend vite ses aises. à force de contorsions, le maître finit bien par se trouver une positionà pas toujours des plus confortables. Les petits poils drus de son chien se répandent partout. Autant sur ses meubles, son plancher que sur ses vêtements. La robe du grand chien ne requiert pas beaucoup d'entretien. Un brossage régulier suffit. Ayant déjà vécu avec cinq danois, je peux dire en toute confiance que mes vêtements n'étaient pas vraiment touchés par ce genre de poil. Mais des poils, tous les chiens en perdent, ce n'est pas tellement typique de cette raceà

Le Danois bave. La plupart des propriétaires ont sur eux une serviette pour essuyer ses babines. À la maison, le chien boit et dégouline partout. Le pire, c'est lorsqu'il se secoue, ce qui laisse des gouttes partout sur les murs, les fenêtres et même sur le plafond sans oublier sur les vêtements de ceux et celles qui se trouvent dans un rayon de dix pieds. Quant à la voiture,elle devient rapidement celle du chien. Les marques de nez et de bave imposent un usage fréquent de lave-vitre si l'on veut voir à l'extérieur. Naf taline est mon cinquième danois; de ces cinq représentants, deux bavaient; les autres étaient d'une propreté impeccable et irréprochable, même quand ils buvaient. Ma plus grosse baveuse a été ma chienne de lignée européenne. N'oubliez pas que nos chiens travaillent constamment avec la nourritureà mais j'ai vu beaucoup de danois très propres. Je crois que la bave touche surtout les européens, mais c'est une remarque très personnelle.

Le Danois a besoin modérément d'exercices. Il aime les marches fréquentes. Une grande cour clôturée est fortement recommandée.

Le Danois doit vivre dans un environnement familial pour être équilibré sinon il développera des troubles de comportement. Ah oui? Il doit surtout, comme tout autre race, être bien socialisé. Ce n'est surtout pas un chien que l'on peut laisser à l'extérieur. Il ne supporte pas la solitude. L'ennui le rend agressif. Je pencherais plutôt pour le terme ''dépressif'', qui représente plus son caractère; c'est un sentimental, pas un bagarreur. Il faut être prêt à accepter ces inconvénients si l'on désire vivre harmonieusement avec ce chien. Ces inconvénients apparaissent mineurs aux amateurs de Danois. En fait, ils en rient. Pour eux, l'amour de leur géant vaut beaucoup plus que quelques bouteilles de Windex et une facture salée de nettoyage.

L'OBÉISSANCE
Après leur succès en Novice, Magalie et Mimi se joignent à la classe d'Open. Les autres chiens de la classe observent Mimi avec curiosité. Ils sont déconcertés par sa stature imposante. Elle est si grande qu'ils ne peuvent même pas faire sa connaissance selon le rituel canin habituel. Je trouve cela un peu exagéré; un danois ne dépasse pas un berger allemand ou un golden de tant que cela.Heureusement, l'attitude de Mimi à leur endroit est très pacifique. En fait, les Danois s'entendent généralement très bien avec les chiens, les chats et même les oiseaux. Oui, s'ils y sont habitués jeunes, comme les autres racesà
Magalie attend son tour pour initier Mimi à l'exercice du saut en hauteur. Naturellement, l'obstacle n'est pas à sa pleine hauteur. En compétition, Mimi devra franchir un obstacle de près de trois pieds de hauteur et un autre de près de six pieds de longueur. Avec un entraînement en douceur, les Danois réussissent bien en obéissance. L'entraînement de base est obligatoire. Un chien de cette taille doit obéir et ses maîtres doivent être prêts à y consacrer du temps.

On voit des Danois sur les parcours d'Agility. Leur tempérament doux et leur sensibilité en font de bons candidats aux programmes de zoothérapie.

GUERRE ET PAIX
De bas-reliefs datant de l'antiquité représentent des scènes de chasse au gros gibier sur lesquelles les chiens ressemblent aux Molosses, ancêtres du Grand Danois. Ces dogues accompagnèrent les armées d'Alexandre le Grand en campagne, cette fois à titre de chiens de combat.

Ils furent introduits en Europe par les Alains, une peuplade iranienne qui s'installât progressivement en Europe. Guerriers farouches, ils ont avec eux de solides molosses parmi lesquels on retrouve des chiens de chasse et des chiens de garde. Certains d'entre eux se fixent en Allemagne dans le Wurtemberg. C'est là que se façonnera le Grand Danois.

Comment ce molosse est-il devenu le chien élégant d'aujourd'hui ? En le croisant avec des Lévriers, semble-t-il. En 1876, le Dogue Allemand est proclamé le chien national de l'Allemagne. Le chien porte plusieurs noms. En 1877, l'appellation Dogue Allemand est consacrée. Le Deutsche Doggen Club, le club allemand du dogue allemand définit un premier standard de ces chiens en 1888.

La confusion quant au nom reprend de plus belle après la première guerre mondiale. Le nom « Grand Danois » revient malgré qu'il est clair que la race ne soit pas originaire du Danemark. La querelle de la nationalité se poursuit laissant entendre que le Dogue Allemand des Allemands n'est pas « Deutsche » mais Hollandais.

Durant la seconde guerre mondiale, la quasi-totalité des dogues allemands est tuée et la race risque de disparaître. La Grande Bretagne et les États-Unis contribuent à sauver la race grâce aux chiens exportés.

Au Canada, le livre des reproducteurs du Club Canin Canadien des années 1888 et 1889 enregistre onze Grands Danois.

SANTÉ
Le syndrome de Wobbler affecte particulièrement la race des Grands Danois. Je mettrais ce problème en dernier sur la liste des troubles de santé; nous n'en voyons que très rarement.C'est une maladie neurologique que l'on retrouve dans certaines lignées. Une vertèbre, au niveau du cou, presse la moelle épinière et provoque un manque de coordination dans les mouvements du chien. Le traitement requiert une assistance vétérinaire.

Les dysplasies de la hanche et du coude touchent la race. Les Danois souffrent aussi d'insuffisance cardiaque. Il est important de questionner l'éleveur et demander de voir les résultats des tests préventifs faits sur les reproducteurs.

Les conseils de l'éleveur sont également essentiels quand viendra le temps de prévoir la diète du chiot. En un an, le Danois multipliera son poids à sa naissance par cent. La rapidité de sa croissance et sa grande taille exigent une nutrition appropriée. Nourrir un Danois coûte cher. Pour la période de croissance, c'est très vrai. Après, un danois adulte de 135-140 livres mange environ 5-6- tasses par jour, ce n'est pas énorme.

La dilatation et la torsion d'estomac sont une cause de décès fréquente dans la race. Je mettrais ce problème avant tous les autres, ensuite le coeur, les dysplasies ( très rares) et le wobbler. C'est un avis personnel, selon mon expérience.Il faut savoir en reconnaître les symptômes : gêne générale, ventre légèrement ballonné au début, respiration haletante, le chien tente de vomir mais n'y parvient pas. À l'apparition des premiers signes, le maître a très peu de temps pour sauver son chien. L'intervention chirurgicale ne doit pas tarder et chaque minute compte.

Il faut prévoir un budget vétérinaire pour assurer les soins qu'exigera le chien géant. Par exemple, lorsqu'il se fera vieux, il lui faudra des médicaments anti-inflamatoires qui apaiseront ses douleurs arthritiques. Le Grand Danois vit de neuf à dix ans. Selon nos sources, plutôt de 7 à 10 ans. Quant aux douleurs arthritiques, avec la glucosamine incluse dans notre moulée, je crois que, dans les bonnes lignées, la médication ne devrait pas être nécessaire.